Projet français/histoire autour de la guerre d'Algérie en 3e

UN PROJET INTERDISCIPLINAIRE

La thématique de la guerre d'Algérie a été abordée sous plusieurs angles : un regard d'historien et de multiples regards d'écrivains à travers différentes lectures en classe.

Les élèves ont ainsi pu découvrir, par la lecture de romans, de BD, en intégralité ou par extraits mais aussi grâce à la rencontre de témoins de cette guerre, des destins et points de vue multiples, qui ont nourris leur connaissance de cette période historique mais aussi les textes qu'ils ont produits ensuite, accompagnés par l'auteur Mabrouck Rachedi. L'auteur est venu travailler 3h30 avec chaque classe. Vous pourrez lire l'article rédigé par des élèves de 3e4, qui relate ces ateliers ainsi que quelques textes produits à cette occasion.

La rencontre avec les témoins a été organisée avec l'aide de l'association Coup de Soleil et de l'ONAC. Une exposition a été également mise à disposition du collège par l'ONAC : "Histoire commune, mémoire partagée" .

Ce travail riche devrait être reconduit l'année prochaine, certainement sous une forme différente, notamment dans le cadre de l'anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie.

Merci à nos partenaires et aux différents intervenants pour nous avoir permis de mener à bien ce projet.

 

■ Madame Roux, professeur de français, pour l'équipe pédagogique

UN ATELIER D'ECRITURE

Dans le cadre du projet français/histoire organisé pour les troisièmes autour de la guerre d’Algérie, l’écrivain Mabrouck Rachedi est venu au collège pour nous donner un atelier d’écriture. En trois heures et demi seulement, par groupe de quatre, nous devions écrire une saynète qui devait respecter la consigne suivante : nous devions mettre en scène quatre personnages, les petits fils ou petites filles d’un harki, d’un pied noir, d’un appelé et d’un membre du FLN. Ces quatre protagonistes devaient se rencontrer et échanger entre eux les mémoires de leur grands parents. Avant cet atelier, nous avions rencontré des témoins de la guerre d’Algérie dans le cadre de nos cours d’Histoire. Ces témoignages ont pu nous inspirer pour écrire nos textes. A la fin de l’atelier, nous avons représenté nos saynètes devant nos camarades de classe.
    Lors de cette intervention, tous les élèves se sont profondément investis dans leur travail. Monsieur Rachedi semblait ravi de nos prestations et mettait aussi beaucoup de bonne volonté pour que l’intervention se fasse dans la bonne humeur.
    Malheureusement, la plupart des groupes n’ont pas eu le temps de terminer leurs saynètes dans les détails car les trois heures et demi sont passées à une vitesse folle.
    Nous remercions monsieur Mabrouck Rachedi pour sa venue.
■ Ombeline, Colline, Jolène, 3e4
Voici quelques textes produits lors de ces ateliers :

Dans une église, Sami et Paola s’installent au fond tandis qu’Agathe s’installe aux côtés de Gabriel
GABRIEL: Merci à tous d’être venus dire une dernière fois au-revoir à ma très chère mamie Jeanette. Avant de mourir, elle m’a demandé de vous partager sa Mémoire. En 1930, elle est partie vivre en Algérie à Constantine avec papi. Là-bas, ils vécurent une vie paisible et, en 1952 naquit ma mère. Tout bascula en 1954, pour le début de la guerre d’indépendance. Papi, membre de l’armée française, ennemi du FLN rentrait tard. Lorsqu’il rentrait, il racontait à ma grand-mère ses confrontations de la journée avec le FLN, et secrètement, celle-ci commençait à le mépriser.Un jour, Alors qu’elle était en ville pour faire ses commissions, elle trouva, un tract diffusé par le FLN. Celui-ci indiquait l’horaire et l’adresse d’une réunion secrète de l’organisation. Malheureusement elle se rendit vite compte qu’elle ne pouvait pas laisser sa petite fille seule à la maison. Elle fit donc appel à Carmen Basilio, une amie pied-noir espagnole. Un soir, elle s’absenta donc de la maison et se rendit à l’adresse indiquée. A la fin de la réunion, elle devint la chef de la partie française du FLN. Dès lors, elle devint une porteuse de valise. Elle fut amenée à cacher des militants recherchés du FLN, à transporter des armes et de l’argent et aida des membres à passer les frontières. Mon grand père ne se doutait de rien m’a-t-elle dit. Lui, continuait à traquer les membres du FLN et à raconter ses exploits à ma grand mère. Celle-ci réussissait à récolter des informations sur les déplacements de l’armée. En 1958, elle inscrivit ma mère dans la nouvelle école. Quatre ans plus tard, la guerre se termina et elle et mon père furent contraints de quitter l’Algérie. Et s’acheva ainsi la longue vie clandestine de Jeanette Droite. Merci.

NOIR

Les 4 personnages se promènent ensemble.
GABRIEL: Je ne vous ai jamais vus, qui êtes-vous ?
PAOLA: Je suis la petite-fille de Jack Dewit, l’instituteur de votre mère et l’ami de votre grand-mère.
GABRIEL: C’est vraiment gentil à vous d’être venue, où est votre grand-père ?
PAOLA: Mon grand-père est à l’hôpital, il m’a demandé venir à sa place.
GABRIEL: Et vous ?
SAMI: Je suis le petit-fils de Hramid Echouiek, un ami de votre grand-père.
GABRIEL: Il ne m’a jamais parlé de votre grand-père.
SAMI: Je suis surpris, lui me racontait leurs aventures.
AGATHE: Bravo Gabriel pour ce magnifique discours.
GABRIEL: Qu’est devenue Carmen?
AGATHE: Tu n’étais pas au courant ? Elle est morte dans un accident de voiture.
GABRIEL: Je suis désolée. Si nous allions au café pour discuter de tout ça ?
SAMI, AGATHE, PAOLA en même temps: bonne idée !
Au café
GABRIEL: Je dois m’absenter un instant, commencez sans moi.
Gabriel sort.
SAMI: Quelle relation aviez-vous avec Jeannette ?
AGATHE: J’ai été son infirmière durant la fin de sa vie. J’étais une personne de confiance pour elle. Et vous ?
SAMI: Je ne la connais pas, mais mon grand père était attaché à leur famille. C’était un harki, il combattait aux côtés du mari de Jeannette.
AGATHE: Donc Jeannette ne l’appréciait pas ?
SAMI : Je ne sais pas. Et votre grand mère? Il me semble avoir entendu son nom ?
AGATHE: C’était une amie proche de Jeannette, étant pied-noir, je ne sais pas ce qu’elle aurait pensé si elle avait appris que Jeannette était membre du FLN.
PAOLA: Ta grand mère était pied noir ? De quel côté ?
AGATHE: Vers Constantine.
PAOLA: C’est fou ! Mon grand père était un appelé qui a fait son service militaire dans cette région.
SAMI: Peut être que nos grands parents se connaissaient ?
PAOLA: C’est probable, mon grand-père était le créateur d’une école à Constantine.
AGATHE: Comment s’appelait ton grand père ?
PAOLA: Jack Dewit
AGATHE: Ce nom... je le connais. Mais oui !! Mon père était dans cette école !
SAMI: Je crois que mon grand père a combattu à ses côtés.
PAOLA: Quel est le nom de votre grand-père ?
SAMI: Hramid Echoueik
PAOLA: Mon grand-père l’adorait. Il disait que c’était un de ces meilleurs compagnons d’armes.
Gabriel revient.
GABRIEL: Je vois que vous avez appris à vous connaître.
PAOLA: Nous nous sommes rendus compte que nos grands parents se connaissaient tous.
GABRIEL: C’est incroyable! Pensez vous qu’ils se souviennent encore ?
SAMI: À mon avis, je ne pense pas, mon grand père est atteint de la maladie d’Alzheimer depuis peu.
AGATHE: Je suis heureuse qu’il ait pu te transmettre son histoire avant de tout oublier, sans quoi nous ne serions pas là.
PAOLA: Je pense qu’il serait intéressant de créer un livre qui regrouperait les histoires de nos grands parents.
AGATHE: Oui! Comme ça nous pourrons avoir le point de vu de tous les acteurs de la guerre d’Algérie.
GABRIEL: Et si nous commandions à manger pour fêter ça ?

Ombeline, Colline, Jolène , 3e4

Melvyn, Ahdem, Isaac et David sont des petits enfants de personnes ayant vécu la guerre d'Algérie de différents points de vue. Fenril est un contrôleur de train. Il fait ce métier pour payer ses études. Ils se retrouvent aujourd'hui dans un même train, dans le même wagon, sur les mêmes places. Ils se parlent et se rendent compte qu'ils ont beaucoup de points communs, mais aussi beaucoup de différences...

Isaac et Ahdem parlent ensemble. Ils reviennent de vacances à Marseille. Ils rentrent chez eux à Paris en train. Ils doivent finaliser un projet qui vise à parler de l'histoire de leurs grands parents :

-Isaac : Et du coup tu as fini d'écrire l'histoire de tes grands parents pour le projet de français Ahdem ?

-Ahdem : Non, il faut que je le commence. On a du temps dans le train, on peut le commencer maintenant si tu veux !

Ils sortent leur tablette et commencent à écrire. Ils en viennent ensuite à parler mutuellement de l'histoire de leur grands parents.

-Ahdem : Et toi d'ailleurs, tes grands parents ils ont quoi comme origines ?

-Isaac : Ils sont algériens. Mon grand-père a combattu aux côtés du F.L.N. pendant la guerre d'Algérie.

-Ahdem : Ah ouais ? Moi aussi mes grands-parents ils sont algériens ! Et pendant la guerre ils ont combattus avec l'armée française, ils étaient harkis !

Le train s'arrête et les portes s'ouvrent. Les passagers entrent dans le wagon. Avant que le train ne parte, le contrôleur donne un coup de sifflet et rentre dans le wagon de Isaac et Ahdem. Deux personnes viennent de s'asseoir en face de ces deux adolescents. Ils avaient la vingtaine.

-David : Bonjour !

-Isaac et Ahdem : Bonjour !

-Melvyn : Bonjour à vous !

Isaac et Ahdem continuent leur projet

-Isaac : Ah bon ? Tu t'imagines, quelques années avant, on aurait pu se retrouver face à face et s'entretuer !

-Ahdem : Ouais c'est vrai ça... Mais du coup ils ont vécu quoi tes grands-parents pendant la guerre d'algérie ?

-Melvyn : Ah vous parlez de la guerre d'Algérie ? C'est marrant moi je suis petit-fils de pied-noir ! Mes grands parents ont été rapatriés en France après la guerre !

-David : Et je suis petit fils de militaire de carrière français qui a combattu en Algérie ! Et d'ailleurs, pourquoi vous parlez de la guerre d'Algérie ?

-Isaac : On fait un projet de français ou on doit parler de l'histoire de nos grands parents. Mon grand père était du F.L.N. et celui de mon camarade était harki.

Le contrôleur arrive à notre siège pour contrôler les billets.
 
David, Evan's, Mathis, Matthieu, Melvyn, 3e5

Shayna : petite fille d’Algérien (Inès) 

Mélissa: petite fille d’appelé (Leïla) 

Ilknur : petite fille de combattant FLN (Lila) 

Dilay : petite fille de pied-noir (Clémentine) 

Lina : petite fille harki (Lina)

Un jour d’été, les cinq anciennes camarades de classe se retrouvent en France pour la fête nationale algérienne du 5 juillet. Les cinq voient le nom du grand-père de Lila sur le monument

Leïla (Melissa): Ah Clémentine, j’ai vu le nom de ton grand-père gravé sur le monument, tu ne nous as jamais raconté comment ton grand-père était mort.

Clémentine (Dilay): C’était pendant la guerre de l’indépendance en Algérie, mon grand-père était un pied-noir et un soir, un groupe du FLN est rentré chez lui et l’a tué sous les yeux de ma grand-mère. C’est elle qui me l’a raconté en larmes.

Inès (Shayna): Mon père m’a aussi raconté que le FLN pouvait  aussi rentrer dans des maisons à l’improviste pour fouiller et vérifier si on avait des armes.

Lina : Mais, Clémentine, tu n’as pas de rancoeur contre le FLN ? 

Clémentine (Dilay):  Moi personnellement non, mais mes parents et ma grand-mère ne les apprécie pas depuis la mort de mon grand-père. 

Lila (Ilknur): Mon grand-père a fait son métier mais il a été également menacé par le FLN, il n’a donc pas eu le choix.

Leïla (Mélissa): Mon grand-père a été obligé de combattre contre les Algériens alors qu’il défendait l’indépendance de l’Algérie mais il a dû faire son service militaire avant la date prévue.

Inès (Shayna): Mes grands-parents ne se sont pas impliqués dans les conflits mais ils voulaient l’indépendance de l’Algérie, ils voulaient à tout prix protéger leur famille du danger.

Lila (Ilknur) : Et toi, Lina, tu ne nous as pas raconté l’histoire de ta famille ?

Lina: Et bien, euh....mon grand-père était..un harki.

Inès et Lila (Shayna et Ilknur): Ton grand-père était un traître !

Lina : Non, il se battait pour la France mais il a été menacé ! Il me l’a dit et je le crois car il n’aurait jamais trahi les Algériens volontairement !

Leïla (Mélissa) : Ne commencez pas, les filles, ce sont d’anciens conflits, on n’est pas venues se chamailler. C’est du passé de toute façon.

Clémentine (Dilay): Oui, elle a raison, on est venues inaugurer le monument et non se battre. Allons voir les autres. 

 

Shayna, Mélissa, Ilknur, Dilay, Lina 3e3 

Publié le 25/08/2021
Modifié le 25/08/2021